samedi 2 juillet 2016

Lola Bensky de Lily Brett




















Éditeur : 10/18
Parution : 03/03/2016
Traduction : Bernard Cohen
Nombre de pages : 310
Genre : littérature australienne

L'auteure :


Fille de survivants du camp de concentration d'Auschwitz, Lily Brett est née le 5 septembre 1946 à Feldafing en Allemagne, dans un camp de personnes déplacées. En 1948, elle émigre en Australie avec ses parents et devient une journaliste spécialisée dans la critique musicale dans les années soixante. Elle a tutoyé les plus grands, notamment des icônes du rock décédées, comme Jimi Hendrix, Janis Joplin et Jim Morisson... 
Lily Brett a reçu le Prix Médicis du roman étranger en 2014 pour "Lola Bensky" .

Quatrième de couverture :


Londres 1967 : Lola Bensky, jeune journaliste pour le magazine australien Rock-Out, n a que 19 ans quand elle se retrouve au coeur de la scène musicale la plus excitante du moment ! 
Sans diplôme mais douée, trop grosse et toujours au régime, trop sage pour les sixties, quelles questions cette drôle de fille qui ne connaît rien au rock, n a jamais étudié le journalisme et dont le seul bagage et pas des moindres est d être l enfant de deux survivants d Auschwitz, va-t-elle bien pouvoir poser à ces rock stars en devenir ? 
Armée de son magnétophone et tartinée de fond de teint, Lola observe, écoute, écrit. À Londres, elle parle bigoudis avec Jimi Hendrix et sexe avec Mick Jagger. À Monterey, elle échange avec Mama Cass sur leurs régimes respectifs et aborde l'amour entre filles, la drogue et l'alcool avec Janis Joplin. Un jour, elle prête même ses faux-cils à Cher... 

Subtiles, drôles, personnelles, les questions s enchaînent, dévoilant des portraits inattendus de ces dieux du rock, mais révélant surtout la quête identitaire que Lola mène inconsciemment. Épouse, mère, auteure reconnue, Lola Bensky continue à s interroger sur ce qui fait la force d un être humain.

Mon avis :


Difficile d'être la fille de survivants de la Shoah, Lola en sait quelque chose, elle qui porte le lourd fardeau de la culpabilité de ceux qui restent, legs douloureux de ses parents rescapés d'Auschwitz : "Tu devrais être fière qu'ils ne t'aient pas tuée, toi aussi, avait dit un jour Lola à sa mère, alors qu'elle avait treize ou quatorze ans. Renia avait explosé.
Fière ? avait presque hurlé Renia. Fière de voir ma sœur et mon père être assassinés devant moi ? Il n'y a pas de quoi être fier ! Je devrais être fière de quoi ? D'avoir eu le privilège de voir des milliers de corps incinérés dans des fosses géantes, dehors, parce que les fours crématoires étaient trop pleins de gens pour en brûler plus ? Fière d'avoir vu des enfants assis par terre avec la gangrène qui leur mangeait les bras, les jambes, les doigts, les orteils, une gangrène provoquée par des médecins pour mener leurs expériences insensées ? [...] C'est quelque chose dont il faudrait être "fier" ?
- Tu devrais être fière de ne pas être morte, avait répété Lola à voix basse.
- Il n'y a aucune raison d'être fier de ça, avait rétorqué Renia."
Alors, Lola se tait et porte en silence ce poids de la culpabilité, plus lourd qu'une chape de plomb. Problèmes d'obésité, agoraphobie, dépression... elle va lutter toute sa vie pour échapper aux démons d'un héritage maudit.
Rassurés par la simplicité de cette jeune femme ultra-sensible qui fond pour les Caramello et les faux-cils, toute en rondeurs et antithèse de "Twiggy la brindille" le mannequin-star de l'époque, les plus grandes rock-stars des années soixante vont se confier en toute confiance et simplicité à Lola, journaliste débutante chargée de la rubrique musicale d'un journal australien. Dans cette biographie romancée, l'auteure nous révèle des facettes totalement inédites de légendes du rock tels que que Mick Jagger, Jimi Hendrix ou Jim Morisson... des portraits d'ailleurs par toujours flatteurs pour certains d'entre eux !

Servie par une écriture fluide et plaisante, voilà une narration dénuée de toute linéarité temporelle qui mêle habilement les époques, un récit où la gravité côtoie la légèreté. "Lola Bensky", c'est soixante ans d'une vie riche en événements, heureux comme douloureux, couchés sur le papier et livrés sans fards sous nos yeux esbaudis. Un récit intime qui nous offre une réflexion intéressante sur la condition humaine... Si la mort occupe une place majeure et revient de manière récurrente dans les écrits de Lily Brett, on sent aussi combien la vie a d'importance dans son univers. 
Aux cendres des défunts, Lola préférera les paillettes des vivants, écartant habilement les mauvaises herbes de son chemin !




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2 commentaires:

  1. Je suis en plein dans des lectures de guerre en tous genres en ce moment, mais celle-ci a l'air originalement traitée ! je note...

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  2. ... Et ce n'est pas un pavé de près de mille pages comme "City on fire", il se lit très rapidement !

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